C'est le temps des lilas et j'ai retrouvé ce texte " les petites musiques du lilas" dans ce très joli livre Légende des fleurs de Michel Lis illustré par Corinne Merles aux édition du Mont
_ " Effarouchée par le Dieu Pan, une jolie nymphe, prise de panique, échappa à son poursuivant en se jetant dans le fleuve Ladon. Pour la sauver - et surtout sauver sa vertu - ses sœurs des eaux la transformèrent en roseau. Pan, calmé, prit quelques tiges de la plante et se confectionna une flûte... de Pan ! Le patron des prés et des champs, ainsi que des bergers d'Arcadie, donna le nom de la nymphe à un arbuste à fleurs printanières parfumées, aujourd'hui si populaire dans nos jardins. Il s'agit du lilas, appelé par les botanistes Syringa ! Un nom inspiré de celui de la jolie nymphe qui signifie flûte en grec ancien. C'est depuis ces temps immémoriaux que les enfants et les pâtres se servent du bois creux du lilas pour confectionner des flûtes. Quant au nom lilas il provient de la Perse, terre d'origine de cet arbuste et plus précisément du mot persan Lilak signifiant mauve.
Offert par Soliman le magnifique au XVIe siècle à quelque ambassadeur ou botaniste amateur de plantes nouvelles, le lilas ne tarda pas à connaître chez nous un franc succès. Les moines du mont Athos se servirent de ses graines pour confectionner des chapelets appelés Paternoster (un des surnoms de l'arbuste), mais c'est son suave parfum qui le rendit célèbre. Que d’onguents et de fragrances dits « au lilas » furent élaborés par les parfumeurs du temps. C'est pour plaire à la Pompadour que le peintre Boucher fit tisser par la manufacture des Gobelins des entrelacs où se mêlaient fleurs de tulipes, de rosés, d'œillets et de lilas. Colette appréciait d'une façon bizarre le parfum du lilas : « Son bouton fleure drôlement le scarabée, sa fleur épanouie exhale un toxique arôme d'acide prussique ! » Symbole sacré de la maternité dans l'antiquité, cette fleur était dédiée à Junon, déesse du mariage et de la fécondité. Plus prosaïquement, en Perse, on offrait à son amant - ou amante - une branche de lilas fleurie et odorante pour lui signifier son... congé. Il est vrai que le langage des fleurs est aussi riche que varié. Blanc il symbolise un amour de jeunesse, mauve le soupçon, crème l'infidélité.
Fleur funeste — et funèbre pour les Anglais, le lilas n'a pourtant pas fini de nous séduire. Planté dans un jardin il protège la maison des mauvais esprits et jeté par la fenêtre dans une maison hantée, il chasse les fantômes. A condition, toutefois, que cela soit exécuté par un bossu ou une veuve qui a déjà perdu deux maris. "