Souvent les plantes engagent des gardes du corps pour les protéger contre les agresseurs, qu'ils soient grands herbivores ou petites larves. Un des exemples les plus connus et spectaculaires est celui de cet acacia africain qui héberge et nourrit de sa sève des fourmis, lesquelles défendent l'arbre... contre les éléphants qui veulent en manger les feuilles. Leurs morsures étant particulièrement douloureuses, même pour un pachyderme, les insectes jouent avec efficacité leur rôle protecteur pour leur plante nourricière. Mais les végétaux qui ne sécrètent rien de comestible ont-ils les moyens de se payer une protection ? Une surprenante étude américaine, à paraître dans la revue Ecology et dont j'ai découvert l'existence grâce au blog "Inkfish" d'Elizabeth Preston, montre que oui...
Aquilegia eximia - Serpentine Columbine © 2009 Terry Dye via calphotos.berkeley.edu
Ses auteurs se sont intéressés à une Ancolie, Aquilegia eximia, poussant sur la côte nord de la Californie. Celle-ci présentait trois particularités :
- Premier élément : l'agresseur. Cette Ancolie a un ennemi, la chenille du papillon de nuit Heliothis phloxiphaga, qui a pour habitude de dévorer les structures reproductrices – boutons, fleurs, fruits – de plusieurs espèces de plantes.
- Deuxième élément : les protecteurs. On note souvent, sur ce végétal, la présence de plusieurs arthropodes chasseurs ou charognards, comme une araignée-crabe ou la punaise tueuse Pselliopus spinicollis qui ne crache pas sur les œufs de papillon...
- Troisième élément (potentiel, celui-là) : la récompense pour les gardes du corps. Les chercheurs ont ainsi remarqué que l'ancolie en question produisait une sorte de liquide visqueux capables de piéger, d'engluer, des insectes arrivés là en "touristes", pour reprendre l'expression utilisée dans l'étude. A partir du mois de juin, une seule tige de fleur peut être recouverte de plusieurs centaines de cadavres de petits arthropodes. Se pouvait-il, se sont interrogés les auteurs de l'étude, que la plante attire et tue les "touristes" afin de les offrir en pâture aux bestioles capables de la défendre ?
Chenille du papillon de nuit Heliothis phloxiphaga et un Hoplinus nymphe (probablement le prédateur le plus important dans le système) se rapproche d'une mouche piégé.
Pour le déterminer, ces scientifiques ont mené l'expérience sur le terrain. En juillet 2014, ils ont marqué 50 pieds d'Aquilegia eximia. Pour la moitié… la suite ICI sur le blog passeur de sciences
Auteur : Pierre Barthélémy