Plus de 120 espèces d’Orchidées poussent sur le territoire métropolitain. Parfois, certaines de ces orchidées dévoilent un aspect étonnant, une curiosité unique dans le monde végétal que l’on peut nommer Orchidées albinos.
Prenons la Céphalanthère de Damas (Cephalanthera damasonium), une orchidée de sous-bois qui ressemble à n’importe quelle plante. Sauf que, de temps en temps, émergent dans une population des individus pour le moins excentriques !
Toute la plante est de couleur blanc-crème. Une petite révolution dans l’univers de la mode végétale. Immaculé des pieds à la tête, on a ici affaire à un véritable albinos. Plus de de chlorophylle, plus de pigment vert !
Chez d’autres espèces en revanche, l’absence de chlorophylle laisse le champ libre à d’autres pigments, notamment des anthocyanes, qui n’en attendent pas moins pour exprimer leur propre sensibilité chromatique. Le terme « albinos » n’est alors plus vraiment approprié.
Mais, si vous avez fait un peu de botanique, sans chlorophylle, pas de photosynthèse, donc rien à se mettre sous la dent, la plante étant incapable de se nourrir.
La réponse va venir d’une autre orchidée de nos forêts : la Néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis) que l’on rencontre assez facilement.
La Néottie est naturellement dépourvue de chlorophylle, ses racines charnues forment un entrelacs compact et les cellules des racines de la Néottie sont abondamment colonisées par des filaments de champignons. Il s’agit d’une association que l’on retrouve chez la grande majorité des plantes terrestres et que l’on appelle « mycorhize » (de myco : champignon et rhiza : racine). Le fonctionnement classique d’une mycorhize est le suivant : le champignon explore un grand volume de sol grâce à son mycélium (l’ensemble des filaments) et fournit à la plante de l’eau et des sels minéraux, la plante utilise ces ressources lors de la photosynthèse et le champignon récupère une partie des sucres ainsi produits. Un échange gagnant-gagnant !
Récapitulons, les arbres produisent des sucres par photosynthèse et en fournissent une partie à leurs partenaires souterrains : les champignons mycorhiziens. La Néottie forme elle aussi des mycorhizes avec ces mêmes champignons et récupère à son tour des sucres qu’elle utilise pour se développer. Est-ce que les champignons reçoivent quelque chose en échange ? Pour l’instant rien ne semble l’indiquer.
C’est donc le secret de nos orchidées mutantes. Les albinos et autres raretés sans chlorophylle se nourrissent exactement comme la Néottie, elles utilisent le mycélium qui leur fournit l’eau et les sels minéraux nécessaires à leur survie.
Les champignons mycorhiziens, en s’associant à plusieurs partenaires, sont à l’origine d’un véritable réseau d’interactions. En principe, cet échange est réciproque (ils échangent une ressource contre une autre), mais parfois, ayant perdu leur capacité photosynthétique au gré de l’évolution (chez la Néottie) ou suite à un rare accident génétique (chez les Épipactis et les Céphalanthères « albinos ») quelques orchidées savent en profiter .
J'ai résumé et simplifié cet article très intéressant que j'ai trouvé sur le site : le saule causeur